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Les conditions salariales de la PONE changent profondément en 2025 pour les policières et policiers. Décryptage.

  La politique salariale de la police neuchâteloise (PONE) est à l’aube de grands changements. Comme nous l’avons plusieurs fois évoqué, notamment lors de nos assemblées générales, la fixation de salaires appliquée dans notre service, héritée d’une succession d’éléments historiques, n’était plus en adéquation avec les lois en vigueur et a engendré une certaine confusion dans les salaires des policières et policiers. Ainsi, sur l’impulsion du SPJN, notre nouvelle direction a décidé de prendre le problème à bras le corps. Ainsi, le commandant Sami Hafsi a transmis le 11 décembre un courrier à l’ensemble du corps pour annoncer des changements au 1er janvier 2025, à savoir : l’application des règles ordinaires de l’Etat, le repositionnement salarial de certains collaborateurs, la révision avec effet rétroactif d’erreurs lors de changements de fonction, et le versement de certaines indemnités non perçues dès le 31ème jour d’absence. Nos explications.

Des salaires en hausse

Le Grand Conseil a validé le budget 2025 de Neuchâtel et suivi les propositions budgétaires du Conseil d’Etat en accordant la pleine indexation de l’Indice des prix à la consommation (IPC), avec rattrapage de 0.9 point mis en attente les années précédentes. Les salaires 2025 seront donc augmentés de 2.18 %, en plus de l’échelon annuel (pour ceux qui ne sont pas encore au maximum de leur classe). Les allocations familiales vont également être adaptées à la hausse. Ainsi, l’ensemble des collaborateurs de la fonction publique verront leur salaire augmenter pour 2025.

 

Révision avec effet rétroactif d’erreurs salariales

Après un signal d’alerte donné par le SPJN en septembre 2022 concernant des erreurs de fixation et d’évolution salariales de 13 de ses membres, la nouvelle direction de la PONE a décidé de mener une enquête approfondie. Il en ressort que 17 policières et policiers ont en fait été concernés par des erreurs au cours de leur carrière, en lien avec une mauvaise application de la règle du gain de CHF 200.- pour chaque nouvelle classe ou d’évolution rapide des échelons. Ces personnes seront ainsi colloquées correctement au 1er janvier 2025 et ont touché un montant correspondant à leur manque à gagner depuis le 1er janvier 2020. Pour les membres concernés du SPJN, cela représente au total plus de CHF 50’000.-. A relever qu’au moins 5 de ces personnes ont souffert d’erreurs antérieures à 2020, qui ne seront pas compensées à l’heure actuelle.

En plus de ces erreurs d’application du système, certains arrêts de versement d’indemnités après le 31ème jour d’absence l’ont été à tort. Les montants correspondants seront reversés aux personnes concernées.

Application des règles ordinaires de l’Etat

Les règles mentionnées ci-dessus, avec une collocation à l’échelon 0 à la sortie de l’école de police, ne correspondaient plus aux réglementations en vigueur depuis le changement de grille en 2017. En plus des erreurs mentionnées au point précédent, des inégalités de pratiques sont apparues au fil du temps. De plus, certaines fonctions bénéficiaient d’une fixation de salaire selon l’expérience antérieure du collaborateur. C’est donc la fin de ces pratiques disparates.

Dès maintenant, c’est le système actuel de l’Etat qui s’applique aussi à la PONE. Cela consiste en une fixation de salaire en fonction de l’âge à l’arrivée à la PONE et lors de chaque changement de fonction. En effet, le service des Ressources humaines de l’Etat (SRHE) considère l’âge comme le reflet de l’expérience d’une personne, permettant également de ne pas prétériter les femmes ayant arrêté un temps leur activité professionnelle au bénéfice de leur famille. Une fixation de salaire ayant lieu à la sortie de l’école, la progression rapide des jeunes gendarmes et inspecteurs disparaît également, mais seulement à partir de 2026. Cette adaptation du système de fixation s’appliquera aux nouvelles situations, sans effet rétroactif pour les anciens.

Cependant, la formule de calcul utilisée par le SRHE pour déterminer l’échelon en fonction de l’âge n’a pour l’heure pas été communiquée aux associations du personnel, malgré plusieurs demandes. Le Conseil d’Etat doit d’ailleurs se prononcer à ce propos durant le mois de janvier 2025, une procédure étant pendante auprès du Préposé à la protection des données et à la transparence. Il faut également mentionner que la Loi sur le statut de la fonction publique (LSt) ne fait pas mention de l’âge, mais définit la formation, l’expérience professionnelle et les qualités particulières comme éléments de fixation de salaire.

Repositionnement salarial de certains collaborateurs

Sur mandat du Conseil d’Etat, le chef du Département de l’économie, de la sécurité et de la culture (DESC) a demandé au SRHE une analyse globale des salaires de l’Etat en fonction de l’âge. Il en est ressorti qu’une quarantaine de personnes était fortement prétéritée par rapport à l’ensemble des collaborateurs. Parmi elles, trente personnes sont issues des rangs de la police neuchâteloise. Dès janvier 2025, celles-ci gagneront des échelons en fonction de leur âge, sans effet rétroactif. Nous ne connaissons cependant pas les noms des personnes concernées, ni la formule de calcul, ni les critères définissant les cas extrêmes. Bien que nous puissions regretter le manque de transparence de l’Etat, ce repositionnement est une avancée pour nos collègues les plus mal échelonnés.

Toutes ces mesures visent donc à corriger des erreurs passées et à ramener progressivement la PONE dans le système de l’Etat, qu’elle n’aurait jamais dû quitter. Il s’agit d’un joli cadeau de Noël, favorable pour l’instant à un petit nombre de personnes. De nombreuses autres situations devront encore être analysées et potentiellement corrigées. Vos syndicats, SPJN et SGADN, sont donc prêts à continuer les discussions avec notre hiérarchie, le SRHE et le Conseil d’Etat, lequel sera prochainement renouvelé. Bien que tout changement amène son lot d’incertitudes, le SPJN est convaincu que ces mesures apporteront une plus grande équité au sein de la PONE, une amélioration des conditions salariales d’une part importante de ses policiers, et permettra d’amener une transparence dans ce système qui en manque. Vos comités sont à votre disposition pour discuter de votre situation ou vous transmettre plus d’informations.

Loïc Piteira, Président SPJN